Agriculture : cultivons les solutions
La grippe aviaire vient de faire des ravages en Vendée, foyer de la pandémie. De nombreux aviculteurs ont dû faire abattre l’ensemble de leurs animaux, mettant en péril la pérennité même de leur exploitation. Le virus a généré 750 millions d’euros de frais dans le département, soit la moitié du coût pour la France entière. Si notre territoire est à l’origine de la pandémie, c’est parce qu’il est très dense en élevages de volailles, notamment de canards. Ne devrait-on pas en tirer une première leçon : on ne peut continuer à densifier comme ça, ce modèle agricole ne permet pas sa propre pérennité et n’assure pas des conditions sanitaires acceptables.
Un modèle à bout de souffle
Il n’offre pas non plus des conditions de vie décentes à une majorité des agriculteurs. Pour survivre, ceux-ci sont obligés de travailler de plus en plus, au détriment de leur vie de famille. Ils peuvent faire 60 à 70 heures de travail par semaine, gagnent en moyenne 1000 € par mois et 25 % des paysans vivent sous le seuil de pauvreté. Les lois Egalim étaient censées rémunérer justement les producteurs, renforcer la qualité sanitaire et environnementale, et favoriser une alimentation saine. C’est un échec.
En conséquence, il y a 200 paysans en moins par an en Vendée et le rythme de la baisse s’intensifie, comme au plan national. L’un des enjeux actuels est donc le renouvellement des générations : aujourd’hui il y a 2 départs – bientôt 3 – pour une installation. Sachant que pour cela les frais sont de plus en plus lourds.
L’impact de ce modèle agricole sur l’environnement est tout aussi désastreux. Deux chiffres seulement en témoignent : 97 % des cours d’eau en Vendée sont en mauvais état écologique, et 30 % des oiseaux communs ont disparu de nos territoires !
En 40 ans, la part de notre budget alimentaire est passée de 40 à 20 % ; c’est dire si nos priorités sont ailleurs… Mais il faut savoir que les consommateurs payent leur alimentation trois fois : à l’achat, et via leurs impôts pour des aides financières à l’agriculture et les frais de dépollution de l’eau.
Bref, on marche sur la tête.
Nous avons besoin d’une alternative agricole
Nos choix de consommateurs peuvent faire changer les choses, et les politiques publiques sont un autre levier : il faut arrêter de financer la production intensive, néfaste pour tous, et flécher les aides vers une production saine. Nous devons revenir à un modèle paysan, avec de moins grandes fermes et plus d’emplois.
Les aides européennes de la PAC devraient être versées à une exploitation en fonction du nombre d’emplois qu’elle permet et non de sa surface. (80 % des aides vont à 20 % des agriculteurs, les grosses structures intensives…) Il faut utiliser cet argent pour conduire une politique incitative en rémunérant les agriculteurs qui ont des comportements vertueux. Et non pour réparer les dégâts…
Viser le 100 % bio
C’est la seule logique tenable. En Vendée, le bio représente seulement 10 % de la surface agricole (19 % des emplois agricoles), nous avons donc encore du chemin à faire. Le label bio une certification de qualité. Sachons, par exemple, qu’un poulet élevé en plein air fournit beaucoup plus de protéines qu’un poulet élevé en batterie.
Mettre en relation l’agriculture avec notre territoire
Dans son Projet Alimentaire Territorial, notre Communauté de communes doit constituer des réserves foncières pour favoriser l’installation d’agriculteurs bio, prévoir la création d’une plate-forme de transformation et de conditionnement des produits locaux, avoir un vrai projet pour la restauration collective… Et, pourquoi pas, proposer un Pays des Herbiers sans pesticides de synthèse !