Le vélo au coeur des solutions
Nous reprenons ici une tribune de Sébastien Marrec dans Ouest-France du 2 février 2018. Ce chercheur de l’université de Rennes 2 est spécialisé dans les questions de mobilité. Voir aussi notre commentaire plus bas.
Congestion urbaine : le vélo au coeur des solutions
» En décembre, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, a fait une annonce historique pour l’avenir des mobilités en France : le lancement d’une stratégie nationale pour le vélo.
Alors que les rapports sur les innombrables bénéfices de la pratique de la bicyclette pour la société et l’environnement se sont accumulés, il aura fallu attendre 2017 pour qu’un gouvernement proclame sans ambages sa volonté de ne plus regarder le vélo avec condescendance.
Il était temps. Seuls 3 % des Français utilisent le vélo au quotidien (contre près de 30 % aux Pays-Bas et 10 % en Allemagne) alors même que beaucoup d’agglomérations subissent des embouteillages croissants aux heures de pointe.
Si un coup de pédale est bien indispensable au niveau national pour rattraper ce retard français, c’est en réalité au niveau local que des décisions efficaces peuvent être prises sans tarder.
En milieu urbain, 40 % à 50 % des déplacements en moyenne ont une distance inférieure à 3 km, là où le vélo est le mode le plus rapide et le plus pratique. Hormis à Paris, entre un tiers et la moitié de ces déplacements sont encore réalisés en voiture. Nos agglomérations, y compris celles qui s’affirment pourtant à la pointe sur la question des mobilités, sont malades de cette situation où l’usage de la voiture confine à l’absurde.
+ 35 % de cyclistes à Rennes en 2016
Pourtant, certaines évolutions récentes apparaissent comme les signaux faibles de ruptures profondes. En 2016, le nombre de cyclistes a progressé de 13 % à Paris, 26 % à Lyon, 35 % à Rennes. Aucun autre mode ne connaît pareil engouement.
Appuyées par un bonus à l’achat gouvernemental, les ventes de modèles à assistance électrique (VAE) ont doublé, atteignant 250 000 exemplaires en 2017. Ces véhicules sont un puissant levier de « report modal » : ceux qui l’adoptent font à vélo la plupart des déplacements qu’ils faisaient auparavant en voiture. La première édition d’une grande enquête lancée au niveau national par la Fédération des usagers de la bicyclette vient de confirmer, s’il le fallait, cette appétence pour le vélo : 113 000 réponses ont été recueillies.
Comme le montrent les premiers résultats, la principale préoccupation des cyclistes réside dans la sécurité, la continuité, la lisibilité et le confort des aménagements. Beaucoup d’élus, éludant cet aspect crucial, se satisfont de bandes disparates peintes sur la chaussée ou de quelques arceaux. L’espace nécessaire à la création de réseaux beaucoup plus structurés et sécurisés doit en réalité être récupéré sur l’espaces exorbitant alloué à l’automobile.
Pour cela, il est urgent de diminuer le nombre de voitures en circulation et de modérer les vitesses. Seules des mesures courageuses permettront de parvenir à un rééquilibrage entre les différents modes de transport , comme l’interdiction du transit en hypercentre, la réduction drastique du stationnement en surface et la création de réseaux cyclables sécurisés. Ce n’est que dans ces conditions que davantage de Français se mettront en selle.
Si le vélo n’est pas à elle seule LA solution à tous nos problèmes de déplacements urbains, c’est assurément l’une des meilleures. Pourtant, elle reste dramatiquement sous-évaluée. Preuve en est le discours de nombreux élus locaux, quasi exclusivement centré autour du développement des transports en commun, du covoiturage, de l’autopartage ou de voitures électriques, bientôt connectées et autonomes.
À ce titre, les annonces gouvernementales font figure de petite « vélorution ». Suffiront-elles à changer la donne ? »
Au pays des Herbiers, intégrer le vélo dans un plan transport !
En mars 2014, pendant la campagne des dernières municipales, nous demandions un diagnostic global du transport dans la ville et la communauté de communes. » …/… Tous les moyens de déplacement sont concernés : collectifs, mais aussi les pistes cyclables et piétonnières, ainsi que le transport solidaire. Cette démarche doit aboutir à l’élaboration d’un plan transport à mettre en oeuvre progressivement. »
Nous y revenions aussi dans notre tribune muncipale d’octobre 2017 : « …/… valoriser le vélo et la marche à pied afin de créer un maillage de cheminements doux et sécurisés. Les pistes doivent donc être encore développées entre les lieux stratégiques. Pour ce faire, nous ne pouvons que réitérer – pour la énième fois ! – notre demande de coulée verte le long de la Grande Maine. Cet axe, relié aux sentiers interquartiers, pourrait irriguer toute la ville. »