L’esprit de Résistance

Au Pays des Herbiers, la place de la Résistance dans la mémoire collective semble inexistante. Que savons-nous du comportement de nos concitoyens durant la Seconde guerre mondiale ? Les traces de cette période disparaissent peu à peu des mémoires et les rares témoignages suggèrent que la population est restée, dans son ensemble, attentiste. Qu’en est-il vraiment ?

De multiples engagements
Une rapide recherche montre que, dans le Bocage, des femmes et des hommes s’engagent très tôt au côté de la Résistance. Au péril de leur vie, elles/ils hébergent des personnes recherchées, cachent des enfants juifs, protègent les réfractaires du STO (Service du Travail Obligatoire) qui refusent de partir en Allemagne… Un exemple : une institutrice abrite, pendant des mois, dans son école de Mesnard, deux enfants juifs. Le secret fut bien gardé puisqu’il fallut attendre que l’un des enfants survivants contacte, à la fin des années 90, la mairie de Mesnard pour que la population en soit informée. Une quarantaine d’enfants juifs au moins est accueillie notamment dans le secteur de Chavagnes-en-Paillers. A Mouchamps, deux enfants vivent cachés au parc Soubise chez Pierre de Chabot. Ainsi, plusieurs personnes du Bocage ont été reconnues « Justes parmi les Nations ». Beaucoup, sans doute, sont restés anonymes et le resteront à jamais (site https://yadvashem-france.org/).

Un jeune combattant parachuté aux Bois Verts des Herbiers
Le 15 août 1943, Jacques Chaigneau (photo), âgé de 20 ans, est parachuté à proximité des Bois-Verts. Il rejoint le village de la Martinière où réside son oncle Pierre. Sa mission consiste à surveiller l’activité des ports, repérer et évaluer les troupes ennemies présentes dans la région. Jacques bénéficie de nombreux soutiens car il a passé une partie de son enfance dans la région. A Montaigu, il retrouve des copains de collège dont Michel Favreau, rédacteur d’un petit journal scolaire baptisé « le Petit Hitlérophobe ». Avec l’aide de Raymond Parpaillon, (déporté à Bergen-Belsen où il décédera le 17 décembre 1944), ils recensent les terrains propices aux atterrissages et parachutages. Mais le réseau est infiltré par un agent de liaison à la solde de l’occupant et démantelé par la gestapo. Jacques est arrêté, torturé et déporté au camp de Buchenwald où il sera fusillé le 5 octobre 1944.

Hommage à Jacques Chaigneau
Plus de soixante-dix ans après sa disparition dans un camp nazi, il n’y a toujours aucune trace visible évoquant l’engagement de Jacques à part une publication de l’association herbretaise « Héritage ». Malgré nos demandes, aucun nom de rue, de place, ne vient rappeler son combat pour la liberté. A Montaigu, une rue porte le nom de Raymond Parpaillon. Nous souhaitons qu’aux Herbiers, une rue porte le nom de Jacques Chaigneau. La cérémonie de baptême de la voie sera l’occasion de réunir les citoyens autour d’un symbole de l’esprit de Résistance qui consiste souvent, à désobéir pour sauver.
En lien avec les professionnels de l’éducation et avec les associations, notre Collectivité peut mettre en place des actions éducatives afin d’inviter les jeunes citoyens à écouter la voix de leur conscience et de leur humanité. La mémoire du bien possède une grande valeur éducative pour les nouvelles générations parce qu’elle enseigne comment, face aux pressions idéologiques totalitaires, l’unique salut provient de la capacité des hommes à penser et à juger par eux-mêmes.
Source : Association « Héritage » et André Coutaud, « Montaigu traversé par la Résistance », in Recherches vendéennes, n°11, 2004, pages 292 à 303)

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