Pollution de l’eau : un enjeu sociétal

En novembre 2022, au cinéma le Grand Lux, le documentariste montacutain Daniel Brenon présentait SOS Sèvre Nantaise. Il reprenait les propos de la Direction régionale de l’environnement (DREAL) : « La Sèvre Nantaise et ses affluents sont dans un mauvais état écologique. Les 6300 km de cours accusent un excès de phosphore, de nitrates et de matières organiques. Les poissons sont devenus rares. » (1)

En présentant son film Exuvie, à Tiffauges, le cinéaste naturaliste Laurent Touzeau disait lui que « la Sèvre Nantaise est en train de mourir. On est obligé de parler du problème de l’assèchement, de l’utilisation de l’eau pour l’agriculture, de la culture de maïs si gourmande en eau alors que le chanvre n’en demande presque pas. Exuvie est une invitation à changer de modèle, à changer notre mode de vie. » (2 et 6)

Tous les secteurs professionnels sont concernés

Les naturalistes ne sont pas les seuls à s’inquiéter. Les professionnels des secteurs de la construction, du traitement de l’eau, de l’agriculture… sont de plus en plus nombreux à admettre que nous allons dans le mur si nous ne modifions pas nos pratiques. Ils notent en effet la présence, dans les cours d’eau, de résidus de pesticides de synthèse dont la molécule mère est pourtant parfois interdite depuis des décennies. (3)

L’inquiétude de secteurs professionnels variés prouve que l’enjeu écologique dépasse les questions strictement environnementales. Qu’il concerne directement nos emplois, notre santé, voire notre cohésion sociale et notre capacité à continuer à vivre en paix tout simplement. Cela a en effet un impact direct et indirect sur la vie économique et sociale.

Un plan régional anti-nitrates insuffisant

En mai dernier, notre préfet de région a rendu public le nouveau plan de lutte contre la pollution des eaux par les nitrates d’origine agricoles (PAR). Mais l’Autorité environnementale du ministère de la Transition écologique a étrillé ce 7ème plan nitrate des Pays de la Loire en indiquant que « Il est peu probable que ce 7ème PAR permette à la région de sortir de son classement intégral en zone vulnérable, symptôme d’une situation déjà dégradée. » (4) Tout aussi critique, l’Agence de l’eau Loire-Bretagne rappelle « la nécessité de mener des actions volontaristes et ambitieuses. » (4) En amont, quant à elle, la Confédération paysanne avait rappelé « qu’il est tout aussi nécessaire d’aider les non irrigants que les irrigants, qu’un effort supplémentaire sur les haies est nécessaire, et qu’enfin l’agriculture biologique aurait des effets sur la qualité de l’eau et sa disponibilité. » (5) Recommandations toujours d’actualité.

Le bio : une solution locale

En effet, une étude récente confirme l’intérêt de l’abstinence phytosanitaire au long cours. Car autour des captages d’eau, l’agriculture biologique fait ses preuves : sur les zones les plus anciennement converties au bio, la baisse des teneurs en nitrates et pesticides est manifeste. (3)

Nous savons qu’aux Herbiers nous buvons ce qui est puisé dans des eaux de surface, et que celles-ci sont trop chargées en matières organiques, nitrates et pesticides. L’eau n’est potable qu’après des traitements coûteux de dépollution et grâce à la dilution avec ce qui est puisé dans la Loire. (7)

Nous devons donc, à notre échelle aussi, faire preuve de volontarisme : arrêter les cultures trop gourmandes en eau (maïs) ; replanter des haies pour stopper l’écoulement ; aménager un bassin tampon en bas des terrains drainés… Mais aussi, notre commune doit respecter les 20 % de bio dans la restauration collective (loi de 2022) et encourager les conversions en agriculture bio ! Cela devrait être tout l’enjeu du Projet alimentaire territorial.

1. Ouest-France (25 novembre 2022)

2. Ouest-France (29 juillet 2022)

3. Source : Hydroplus, n°273, supplément du n° 1813 d’Environnement Magazine, septembre-octobre 2024.
A noter, une publication intéressante parue sur un site classé pro. Construction qui appartient au groupe Cayola. Depuis plus de 40 ans, Cayola Médias éclaire l’actualité des mondes de la Construction et de l’Environnement.
https://www.environnement-magazine.fr/abo/edition_numerique.php?mag=40-273

4. Ouest-France (17 mai 2024)

5. Ouest-France (1er et 2 juillet 2023)

6. Ouest-France (11 février 2023) : « Seuls 1 à 2 % des 84 cours d’eau vendéens sont en bon état écologique, confirme l’Agence de l’eau Loire-Bretagne. Dans le secteur des Herbiers, qui alimente le barrage de la Bultière, les cours d’eau sont classés médiocres, c’est-à-dire au quatrième niveau d’une échelle qui en compte cinq. « Ceci malgré trois plans de prévention des pollutions » déplore Joseph Liard, élu de l’opposition. Ce résultat est loin d’atteindre l’objectif fixé par une directive européenne, c’est-à-dire que 100 % des masses d’eau de surface et souterraines devront être en bon état en 2027. En 2008, la France a déjà été condamnée par la Cour de justice européenne, pour la mauvaise qualité relevée notamment en Vendée. La situation est telle que Vendée eau a alerté tous les agriculteurs par un courrier, en novembre 2022. Il évoque l’impact du Métolachlor ESA, un résidu d’herbicide, qui a parfois conduit à l’arrêt de la production en raison des concentrations supérieures à la norme. »

7. Un programme de recherche lancé par Suez et le Cemagref (un institut public de recherche pour l’ingénierie de l’agriculture et de l’environnement) a montré qu’un quart des polluants échappe aux stations d’épuration. Probablement parce qu’ils ne sont pas recherchés.

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