Un territoire plein d’Energie

Il y a huit ans, en février 2016, notre association Forum citoyen organisait une soirée-débat intitulée « Autonomie énergétique au Pays des Herbiers ? ». Les enjeux étaient financiers, économiques, sociaux, d’indépendance aussi mais surtout environnementaux.

Avec la croissance exponentielle des gaz à effet de serre et ses conséquences dramatiques, la question était de savoir quelle était notre marge de manœuvre locale pour répondre à ce défi. Après la COP 21 à Paris fin 2015, l’Etat, la Région et le Département s’étaient fixés des objectifs de diminution des énergies fossiles et de progression des énergies renouvelables (EnR). Le Pays des Herbiers, lui, connaissait un ralentissement de cette démarche après le quasi-abandon, par Véronique Besse, de l’Agenda 21 élaboré précédemment par l’équipe Albert.

Deux axes de travail avaient émergé de notre soirée-débat : gagner en sobriété et en efficacité énergétique (chauffage, transport…), et élaborer une stratégie de production d’énergies renouvelables sur notre territoire. Une étude montrait que nous pouvions produire 61 % de l’énergie qui nous était nécessaire, avec l’éolien, le solaire, le bois et la méthanisation. Pour devenir un territoire autonome, il « restait » ensuite à atteindre les 100 % grâce à la sobriété et à l’efficacité des process.

Recenser notre potentiel énergétique actuel

Huit ans plus tard, ces questions sont toujours d’actualité, particulièrement celle des EnR. Pour rattraper le retard de la France en la matière, la loi du 10 mars 2023 d’accélération de la production d’énergies renouvelables (APER) institue notamment une nouvelle planification locale. Les communes doivent désormais définir, après concertation avec leurs administrés, des zones d’accélération, où elles souhaitent voir des projets s’implanter.

C’est intéressant, car il n’est pas impossible que nous puissions aller au-delà des 61 % précédemment évalués pour nous. Mais surtout, cette démarche volontariste doit permettre de booster les projets. Sachant par ailleurs que nous avons la chance d’avoir sur notre territoire l’association Solaireau, dont ce type d’initiatives est la raison d’être. Notre com-com pourrait s’appuyer sur elle.

Un maire peu concerné

Essayons de faire le point. Ca semble mal engagé avec Christophe Hogard, qui considère que les énergies renouvelables ne sont pas son problème, car… la Vendée, avec l’éolien en mer, ferait sa part ! Espérons que les autres maires de la communauté de communes oseront se démarquer et être plus ouverts pour leurs communes respectives. Nous savons que certaines entreprises poussent en ce sens.

Il ne faut donc pas s’étonner que le potentiel éolien soit totalement bloqué dans le Plan-climat-air-énergie territorial (PCAET) suite à l’opposition du Puy du Fou. (Le projet à Mouchamps, de l’association Solaireau, n’était pourtant pas dans son cône de visibilité.) Par contre, s’agissant du bois, la com-com aurait l’intention de lancer un 3ème réseau de chaleur, après la chaufferie créée en 2008. La méthanisation, quant à elle, semble toujours ne dépendre que des éventuelles initiatives privées (voir Biogasyl et les frères Pineau, agriculteurs). Cette nouvelle loi devrait permettre d’approfondir la question.

Un potentiel solaire à court terme

Pour ce qui est du solaire, même si pas mal de friches et de terrains délaissés s’y prêtent, notre plan d’urbanisme (PLUI) ne prévoit pas de zones pouvant accueillir des petits parcs de panneaux photovoltaïques au sol. Le maire concède la possibilité d’en installer sur les bassins d’orage, mais le refuse sur les terrains classés A (agriculture) ou N (nature). Autant dire qu’il en empêche une grande partie.

Son seul argument consiste à dire qu’il faut préserver ces délaissés en cas de futur besoin pour l’agriculture ou pour d’autres projets. Il oublie que ces terrains sont inutilisés parfois depuis des dizaines d’années… Sachant aussi que les panneaux solaires au sol sont amovibles, en cas de besoin. Répondons enfin à une objection possible (qui ne nous a pas été faite) à propos de la préservation de la biodiversité : il est bien évident que ces panneaux ne seront pas installés n’importe où, il faudra tenir compte de la composante environnementale. Ces sites sont même parfois, dans un milieu agricole majoritairement productiviste, des refuges pour la biodiversité. L’appui du Centre permanent d’information sur l’environnement (CPIE,) de La Flocellière, sera le bienvenu.

L’autoconsommation collective

Notre com-com a quand même créé une société de projets avec Vendée Energie pour la production d’énergie verte locale. Sauf qu’elle se limite à la production publique ; toutes les initiatives privées en sont exclues, ce qui constitue un frein très dommageable.

Enfin, la question de la consommation de notre propre production d’électricité reste à poser. On commencerait là à répondre à la question d’il y a huit ans sur l’autonomie énergétique du Pays des Herbiers. Voir pour cela l’exemple de la com-com du Pays de Mortagne (1).

Une consultation de la population a minima

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, les communes ont l’obligation de faire remonter toutes les zones disponibles pour les EnR. Après les déclarations du maire, nous sommes impatients et très inquiets de voir le projet APER des Herbiers.

A compter du 19 avril et jusqu’au 24 mai 2024, une consultation publique sur les Zones d’accélération d’énergies renouvelables est donc proposée. Lors du dernier conseil, nos élu.es ont demandé comment la population allait être informée de cette consultation. La réponse de M. Hogard a été :  « Nous procéderons comme d’habitude« … Ils lui ont fait part de nos craintes en soulignant que très peu de personnes sont au courant de ce type d’enquête, et ont proposé d’organiser une exposition présentant les enjeux énergétiques pour notre territoire. La réponse du maire a été négative ; c’est dire sa motivation …

(Tout citoyen peut consulter la proposition initiale de la mairie à partir du site internet https://www.lesherbiers.fr/ avec un recueil des observations à l‘adresse suivante : mairie@lesherbiers.fr . Ou par dossier papier accompagné d’un registre accessible au Centre Technique Municipal, 9, rue de la Guerche, aux jours et heures d’ouverture.)

1- Le Pays de Mortagne incite les entreprises de son territoire à rejoindre le dispositif en faveur de l’autoconsommation collective. Le projet consiste à fédérer les chefs d’entreprise autour d’un projet innovant : une offre mutualisée de production d’énergie. Pour cela, l’association Energies locales du Pays de Mortagne vient d’être créée pour réaliser des missions de structuration et d’assistance au pilotage de projets. …/… »L’autoconsommation collective permet aux entreprises de s’affranchir des fluctuations du marché de l’électricité et de pouvoir se projeter avec des coûts prévus et maîtrisés, » argumente Cyrille Guibert, vice-président du développement-innovation au SYDEV. « Ainsi l’énergie produite est vendue plus cher d’un côté et achetée moins cher de l’autre, grâce à la proximité des intervenants. Il suffit à deux interlocuteurs de s’entendre pour fixer un tarif qui convienne aux deux parties … / … (d’après Ouest-France des 20 et 21.04.2024.) A côté de ça, le Pays des Herbiers propose un même type de structure, mais publique seulement, en y interdisant donc l’accès aux entreprises et aux particuliers.

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