Le signal de St Brévin

Nous proposons un covoiturage pour aller à la manif de soutien du maire de St Brévin-les-Pins, Yannick Morez. Il a remis sa démission après l’incendie criminel de son domicile pour avoir accepté le transfert du Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) de sa commune.

A toutes les personnes intéressées, nous donnons rendez-vous mercredi prochain, 24 mai 2023, à 15h30, sur le parking de La Pataterie, aux Herbiers. La manif étant prévue à 17h à St Brévin.

Merci de prévoir, le cas échéant, des panneaux humoristiques et dignes, dans un esprit de non-violence. Ceci afin de nous démarquer d’éventuels contre-manifestants.

A mercredi !

Nous retranscrivons ci-dessous un édito de Ouest-France (13 et 14 mai 2023), sur le sujet, qui nous semble très pertinent.

 » Le signal de St Brévin

C’est un nouveau signal d’alarme, un de plus, pour notre démocratie. Mercredi soir, Yannick Morez, maire divers-droite de St Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique) a annoncé sa démission. « J‘ai pris cette décision pour des raisons personnelles, notamment suite à l’incendie criminel perpétré à mon domicile et au manque de soutien de l’Etat, et après une longue réflexion menée avec ma famille.« 

Médecin dans la commune depuis plus de trente ans, élu depuis 2008 et maire depuis 2017, Yannick Morez est en première ligne face à la polémique qui envenime la vie de la cité depuis un an, quand l’Etat a fait savoir qu’il allait construire un nouveau Centre d’accueil des demandeurs d’asile (Cada) de 110 places pour remplacer l’actuel, en service depuis 2016.

L’ouverture de ce premier Cada, destiné à l’accueil de soixante-dix migrants issus de la « jungle de Calais », avait soulevé des inquiétudes. La pédagogie et l’engagement des représentants de l’Etat, de la municipalité et des associations locales avaient fini par faire la différence, même si – déjà – une responsable locale du Secours catholique avait été ciblée par l’extrême droite sur les réseaux sociaux.

Le temps a passé. Les inquiétudes se sont dissipés. Quatre cents demandeurs d’asile ont été accueillis à Saint-Brévin depuis 2016. Sans incident.

L’annonce de la construction du nouveau centre a relancé la polémique, un cran au-dessus. Manifestations de l’extrême droite, les militants du mouvement Reconquête (Eric Zemmour) en tête, contre-manifestations, intimidations diverses, menaces de mort comprises… Et au milieu de ce tohu-bohu, des Brévinois sidérés de voir leur paisible commune transformée en champ de bataille.

Instrumentalisation honteuse

Jusqu’à cet engin incendiaire, lancé vers le domicile du maire le 22 mars, qui a détruit ses véhicules et a commencé à se propager à son habitation où toute la famille dormait. Tandis que l’enquête criminelle se poursuit sur ces faits passibles de vingt ans de réclusion, Yannick Morez a pris sa décision. Il rend son écharpe de maire et s’apprête à quitter la commune. Son sentiment ? Un mélange « de soulagement et de gâchis« .

Jeudi, les témoignages de soutien se sont multipliés dans la classe politique, à l’exception des représentants à l’Assemblée du RN qui ne se sont pas levés pour lui rendre hommage. Responsable de la Cimade (association de soutien aux migrants), Fanélie Carrey-Conte a raison de juger « l’insuffisance des soutiens de l’Etat inexcusable« . Mais elle souligne que tous ceux qui « continuent en permanence d’instrumentaliser les questions migratoires à des fins politiciennes portent plus que jamais une lourde responsabilité dans ce qui s’est passé à Saint-Brévin ».

Que doit nous inspirer cette démission ? D’abord une prise de conscience de la considération que nous devons aux maires, en charge de l’intérêt général – et non de la somme des intérêts particuliers – dans leur commune. Cette considération est mise à mal par « l’agressivité ambiante » d’une façon qui n’est plus tolérable. En décembre, le seul tribunal de Nantes recensait vingt-huit plaintes d’élus en 2022 pour outrages, menaces, harcèlement ou violences…

Ensuite, un rappel clair : la violence est une ligne rouge absolue. La franchir est inadmissible en démocratie. Et s’interdire toutes les violences, physiques, verbales ou numériques, et les condamner toutes, d’où qu’elles viennent, avec sang-froid mais sans ambigüité. Le reste appartient à la justice, et à elle seule.

Philippe Boissonnat (rédacteur en chef à Ouest-France). »

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