Un discours très choquant
Le discours de Christophe Hogard, à l’occasion du rassemblement devant la mairie des Herbiers le 3 juillet dernier, est indigne d’un maire républicain.
Des agressions inacceptables
Il s’agissait pour tous nos concitoyens, présents ici comme devant toutes les autres mairies de France, de protester contre les violences commises depuis 5 jours, après le meurtre de Nahel par un policier. Que ces violences soient perpétrées à l’encontre de biens publics ou privés, comme aux Herbiers, ou qu’elles visent des personnes, dépositaires ou non de l’ordre public : policiers, pompiers, maires ou familles de maires. Comme à l’Haÿ-les-Roses, St Brévin, Callac, Carnac, Cholet, Monsireigne, La Bernardière… Nous voulons souligner que l’agression d’un maire est un symbole fort, car il est le représentant local de la République. S’attaquer à lui, c’est chercher à déstabiliser l’ensemble de notre société. Nous voulons aussi exprimer toute notre solidarité avec les personnes victimes de ces incendies.
Le policier qui a tué Nahel devra être jugé comme il se doit, et il faudra – enfin ! – s’attaquer aux causes profondes de ces émeutes récurrentes dans les quartiers. Il n’empêche que toutes ces agressions sont parfaitement inacceptables, quel que soit l’élément déclencheur et quels qu’en soient leurs auteurs, lesquels devront également répondre de leurs actes. La non-violence et la défense de nos institutions républicaines doivent constituer un socle commun trans-partisan de notre vie politique.
Une indignation orientée et sélective
Par conséquent, en ces temps de fortes tensions, nous attendons d’un maire – surtout d’un maire –, qu’il ne jette pas d’huile sur le feu, mais qu’au contraire il cherche à rassembler la population en rappelant ces principes fondamentaux.
Nous avons donc été choqués d’entendre M. Hogard stigmatiser une partie de la population. Dans un amalgame injustifié et tout à fait scandaleux, il a fait des migrants les boucs émissaires de cette crise, comme en écho aux manifestations (pas aux agressions) de St Brévin et de Callac, qui protestaient contre l’agrandissement ou la création d’un centre d’accueil pour réfugiés.
Nous avons été choqués de l’entendre parler de « sauvages » à propos des jeunes émeutiers, alors que ce type de langage ne fait qu’ajouter à la violence. Son intention n’était manifestement pas de les ramener à la raison républicaine, mais plutôt de chercher à cliver.
Une instrumentalisation politique
Il s’agit de sa part d’une instrumentalisation de la crise pour faire de la politique politicienne, en servant les habituels arguments racistes de la droite extrême. S’il fallait encore préciser les choses, les propos tels que « la destruction de notre identité » ou « nous sommes chez nous » auraient tout aussi bien pu sortir de la bouche d’Eric Zemmour.* Nous voulons rappeler au passage que notre identité a, de tout temps, été faite d’immigration.
A aucun moment M. Hogard n’a eu un mot pour Nahel. Il a par contre su lister les responsabilités politiques, en oubliant malencontreusement… l’extrême-droite. Un aveu d’appartenance, ni plus ni moins. Les masques tombent.
Après les agressions de St Brévin, lors du dernier conseil, nos élus avaient soumis une motion de soutien aux maires et autres élus municipaux. M. Hogard et la majorité actuelle ont refusé de la signer… En rejetant cette initiative trans partisane, M. Hogard avait déjà montré son incapacité à prendre la hauteur républicaine qui s’impose en de telles circonstances.
*Eric Zemmour a été condamné le 12 janvier 2023, à 4000 € d’amende, pour « injure publique à caractère racial ». Il avait été condamné également le 17 janvier 2022, à une amende de 10 000 €, pour « complicité de provocation à la haine et complicité d’injure publique après des propos sur les mineurs étrangers isolés » en 2020. Deux autres condamnations ont également été prononcées précédemment à son encontre pour « provocation à la discrimination raciale » et « provocation à la haine religieuse ».