Une gestion « en bon père de famille » ?

Cette expression souvent employée par Mme la maire se veut rassurante pour une majorité de nos concitoyens peu versés dans la gestion des affaires publiques. Sauf qu’un budget de collectivité locale ne se gère pas comme un budget familial. Il y a quelques grosses nuances, notamment en matière d’endettement. Commençons par les éléments marquants de notre budget 2022.

La dette et… l’investissement s’éteignent progressivement

L’autonomie fiscale des communes et communautés de communes va en diminuant. Avec la suppression de la taxe d’habitation et les taxes des entreprises qui ne sont plus perçues par les collectivités locales, une bonne partie des entrées d’argent dépendent des compensations de l’Etat. Lesquelles vont aussi en diminuant. Pour investir, les principales marges de manœuvre qui nous restent sont donc l’autofinancement (les bénéfices engrangés par la ville sur un exercice), les autres impôts locaux (foncier bâti et non-bâti) et les emprunts.

Autre élément à souligner pour ce qui nous concerne, la dette s’éteint progressivement car notre ville contracte de moins en moins d’emprunts. Mme la maire se targue donc de « désendetter la ville* » et que « la gestion des finances se fait en bon père de famille* »

On oublie de préparer la ville de demain

Comme les deux autres leviers cités plus haut, impôts et autofinancement, ne peuvent pas être mobilisés beaucoup plus (Qui serait d’accord pour augmenter les impôts, ou diminuer les services rendus ?…), cela signifie que notre collectivité fait moins d’investissements qu’elle le pourrait. Ce qui peut inquiéter, car une ville et une communauté de communes ont besoin d’équipements structurants qui préparent leur avenir dans tous les domaines : transition écologique, logement, emploi, culture, déplacement, etc. Il y a tant à faire qu’aucun levier d’action ne peut être négligé.

C’est d’autant plus inquiétant aux Herbiers que les investissements réalisés visent en priorité à « améliorer le quotidien des Herbretais* », non à préparer la ville de demain. Il n’est pas dans notre intention de nier l’utilité d’entretenir le réseau routier, d’aménager des espaces ou de maintenir le patrimoine, mais se contenter de cela serait une grosse erreur. Nous avons besoin d’équipements qui préparent la ville et la com-com des vingt ou trente prochaines années et qui les rendent attractives.

Un bon budget doit prévoir de bonnes dettes

On voit que la problématique budgétaire publique n’est pas la même que celle d’une famille : oui, dans une collectivité locale il est indispensable de faire des dettes ! Mais attention : de bonnes dettes. Emprunter davantage seulement pour améliorer le cadre de vie serait financièrement contreproductif, car nous nous créerions des charges pour quelque chose qui ne rapporterait rien plus tard à notre collectivité. Ce serait tout le contraire pour des investissements qui rapporteraient ensuite en termes de développement, donc… de rentrées fiscales ! Bien gérer une collectivité locale, c’est enclencher une dynamique vertueuse.

Au moment où nous arrivons à une période de relance économique, la ville et la com-com prépareraient l’avenir si elles investissaient beaucoup plus dans la transition écologique : isolation des logements, déplacements doux et transports en commun, alimentation saine, autonomie énergétique, etc. Comme nos charges, notamment énergétiques, vont fortement augmenter (+ 44%), il convient particulièrement que nos collectivités améliorent l’isolation des bâtiments publics et investissent dans les énergies renouvelables.

* Ouest-France du 9.02.2022.

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