La fracture immobilière

            Trouver un logement au Pays des Herbiers relève du parcours du combattant tant le marché de l’immobilier est saturé. Les spécialistes du secteur n’hésitent pas à parler de « fracture immobilière » entre les « Installés » qui voient la valeur de leurs biens augmentée et les « Sans-toit » qui peinent, même avec un salaire correct, à décrocher un logement. La gravité de la situation doit conduire notre collectivité à prendre des mesures courageuses sous peine de déclin démographique et économique.

La situation s’aggrave

La pénurie touche à la fois le parc locatif privé et le parc de logements publics aidés. Concernant les logements sociaux, les demandes augmentent : 451 demandes par an en 2015, 730 demandes par an en 2020. En 2013, 39 % de ces demandes aboutissaient ; en 2020, seulement 18 % et le temps de réponse s’établit aujourd’hui à 13 mois ! (Adile*, 2021)

Face à cette saturation, les locataires ne peuvent même pas se tourner vers le parc locatif privé. En effet, le nombre de locations proposées à l’année n’augmente pas car les propriétaires-bailleurs préfèrent les locations saisonnières à courte durée. Un agent immobilier le confirme « les propriétaires qui achètent pour louer le font de manière saisonnière » (Ouest-France du 22/02/2021). Un chiffre confirme ce constat : le Pays des Herbiers ne compte que 166 logements loués meublés à l’année (Insee, 2017). Et la pandémie ne semble pas pousser les investisseurs à réviser leur plan : l’ancien EHPAD Les Chênes sera finalement transformé en hôtel de luxe !

Mais des solutions existent

En concertation avec les acteurs locaux, nous proposons de prendre trois mesures afin que le Pays des Herbiers puisse loger ceux qui y travaillent :

1 – Instituer un Permis de louer. Notre collectivité peut mettre en place cette procédure par délibération en conseil municipal ou communautaire. Ce dispositif prévu par la loi ALUR soumet la mise en location d’un bien par un bailleur à une autorisation préalable. Le permis de louer permettrait d’évaluer l’importance du marché de la location saisonnière et d’engager des actions en vue d’en orienter une partie vers la location longue durée.

2 – Renforcer le logement aidé. Le Pays des Herbiers compte, en 2020, 995 logements sociaux soit 8,1 % du parc immobilier.  A titre de comparaison, la France en compte 17,4 % et la Région des Pays de la Loire 14,2 %. M. Le Bras, directeur de l’Adile*, n’hésite pas à dénoncer la faiblesse de ce chiffre ; selon lui, « l’île de Ré dispose plus de logements sociaux que le Pays des Herbiers ».

3 Lancer un nouveau lotissement communal, car celui de la Pépinière est désormais complet. L’accueil de nouvelles populations est pourtant essentiel si l’on veut maintenir la vitalité démographique de notre territoire. N’oublions pas qu’aux Herbiers, en 2019, le nombre de décès (170) a largement dépassé celui des naissances (152) ! (Insee, 2020).

            La pénurie de logements pénalise le dynamisme économique de notre territoire et aggrave le problème des recrutements. Des entreprises ont pris conscience de l’enjeu mais hésitent à se lancer dans des projets d’envergure. Peut-être attendent-elles que le Puy-du-Fou, artisan de cette fièvre immobilière, montre l’exemple en hébergeant une partie de ses saisonniers ? Car, pour l’instant, les 2.100 employés du Parc sont contraints de se débrouiller pour trouver un logement…, d’avril à octobre…, ce qui amplifie encore les tensions sur le marché locatif !

*ADILE : L’Agence d’Information sur le Logement et l’Energie de Vendée.

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1 réponse

  1. Arnaud dit :

    Article tip top. Merci à vous.

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